Attentat de Nice : En attendant l’identification des victimes et des blessés, les proches continuent leurs recherches

Le long de la promenade, sur les vitrines des magasins de l’avenue Jean Médecin ou collés sous un abribus, les avis de recherche de personnes disparues se multiplient depuis le soir du 14 juillet, après l’attaque au camion qui a tué 84 personnes et blessé 303 autres à Nice. « Nous avons établi 5.000 à 6.000 fiches de personnes recherchées depuis jeudi soir », révèle Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs) qui a intégré dès son lancement, la Cellule interministérielle d’aide aux victimes (CIAV).

Sur la liste officielle des victimes décédées détenue par le procureur de la République de Paris, seules 52 d’entre elles ont été identifiées. Pour les familles et les amis des 32 victimes restantes, l’insupportable attente et l’angoisse se poursuivent.

Un processus long et très encadré
Pourquoi, trois jours après l’attaque perpétrée par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, des dizaines de proches restent sans nouvelle des disparus ? Dans un communiqué publié ce dimanche matin, le parquet du Tribunal de grande instance de Paris explique : « Le processus d’identification vise à établir de manière certaine l’identité des personnes décédées à partir d’éléments ante mortem (…) et d’éléments post mortem (…) Ce processus est absolument nécessaire pour éviter tout risque d’erreur ».

Au mois de février dernier, face à la commission d’enquête parlementaire, l’entourage de victimes des attentats du 13 novembre s’était montré particulièrement critique par rapport à cette phase d’identification. Georges Salines, devenu depuis président de l’association « 13 novembre, fraternité et vérité », avait appris la mort de sa fille via des tweets d’inconnus. Sophie Dias, qui a perdu son père, d’origine portugaise, au Stade de France, avait eu la confirmation de son décès grâce au consulat du Portugal. L’appel des autorités françaises n’était arrivé que le 15 novembre au soir.

Hors de question, pour le gouvernement, de réitérer les mêmes erreurs a signalé, en creux,la secrétaire d’Etat d’aide aux victimes, Juliette Meadel : « C’est un processus scientifique » dans lequel « la moindre erreur est tragique », a-t-elle souligné. « Il faut prendre le temps de la vérité. Seule l’institution judiciaire est garante de la vérité ».

Recouper toutes les données
En attendant un retour des autorités, les familles et les amis des disparus sillonnent hôpitaux et cellules d’aides psychologiques. Sila, niçois de 32 ans, est sans nouvelle d’une de ses amies : « Nous avions rendez-vous à 21h jeudi soir sur la promenade. J’attendais qu’elle m’appelle pour la rejoindre. Elle ne m’a jamais appelée. J’ai fini par y aller vers 23h et c’est là que j’ai appris ce qu’il venait de se passer. Depuis j’ai essayé de l’appeler, son portable est sur messagerie et je n’ai aucune nouvelle ». Au-delà de la longue et difficile identification des victimes, il faut aussi prendre en compte le temps que nécessite le recoupement d’informations pour les 303 blessés hospitalisés dans quatre établissements de la ville.

Stéphane Gicquel, de la Fenvac, détaille : « Parmi les milliers de signalements reçus par téléphone, il y a un très large spectre : cela va de la maman de l’adolescent qui a mis sur sa page Facebook une photo du feu d’artifice sur la promenade et qui depuis, n’arrive pas à le joindre, au collègue de travail qui sait qu’un autre de ses collègues passait ses vacances dans la région de Nice et n’arrive pas à le joindre à minuit le soir de l’attentat. Notre rôle, c’est de tout noter, de tout prendre en compte et on actualise les fiches en fonction des listes envoyées par les hôpitaux ».

Les avis de recherche collaboratifs
Peu de temps après l’annonce de l’attaque sur la promenade des Anglais, les réseaux sociaux sont devenus le réceptacle d’innombrables avis de recherche. Déjà utilisés lors des attentats du 13 novembre 2015, Facebook et Twitter ont permis de diffuser largement les profils et les informations relatives aux disparus. Samuel, 15 ans gère, depuis jeudi soir, la page Facebook « SOS Nice », suivie par plus de 17.000 personnes.

Épaulé par Christian, un Allemand résidant en Irlande lui aussi touché par le drame, les nuits blanches s’enchaînent pour les deux internautes : « Les familles peuvent nous contacter par message privé, on leur demande un maximum de détails, des photos de leur proche et on rédige les avis de recherche ». Les annonces sont partagées en moyenne une bonne centaine de fois. « On a reçu des messages de personnes qui ont retrouvé un membre de leur famille et qui nous ont remerciés pour notre aide », ajoute Samuel.

Ce dimanche matin, l’adolescent a appris le décès de Laura, une Niçoise de son âge : « Sa famille était entrée directement en contact avec nous, on a échangé pendant trois jours. J’avais même son numéro de portable, je continuais d’essayer de l’appeler, ça tombait sur son répondeur. C’est la seule fois où j’ai entendu la voix d’une des personnes recherchées, ça m’a bouleversé ».

Selon le parquet de Paris, contacté par 20 Minutes, l’identification des 84 victimes décédées devrait être terminée dans 48 heures.

Source : 20minutes
Auteur : Hélène Sergent
Date : 17/07/2016

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