Attentats de Trèbes et Carcassonne : trois mois après, victimes et familles toujours dans la « reconstruction »

Le 23 mars, un terroriste faisait quatre victimes dans l’Aude.

C’était il y a trois mois, jour pour jour. Le 23 mars dernier, quatre personnes mourraient dans les attentats de Trèbes et Carcassonne. Jean Mazières d’abord, quand le tueur s’est emparé de la voiture dans laquelle il circulait, aux Aigles de la Cité à Carcassonne. Christian Medvès et Hervé Sosna ensuite.

La nécessité de ne pas oublier et d’aller de l’avant

Le premier était chef boucher au Super U de Trèbes, le second un client qui y faisait ses courses, lorsque le terroriste est arrivé, avant de les abattre. Enfin Arnaud Beltrame, colonel de gendarmerie devenu héros national après s’être substitué à une otage. Il est mort le lendemain des suites de ses blessures. « Trois mois après, deux sentiments très contrastés nous animent, collectivement. D’un côté, il y a la nécessité de ne pas oublier. Et de l’autre, la volonté d’aller de l’avant », souligne Éric Menassi, le maire de Trèbes.

Aller de l’avant, avec les familles des victimes : « Au-delà des démarches administratives mises en place avec la préfecture, il y a la dimension humaine. Il ne se passe pas une semaine sans que je n’appelle ou ne rencontre la veuve et les filles de Christian Medves, ou le frère d’Hervé Sosna », raconte l’élu. Auprès de la gendarmerie, il prend aussi des nouvelles de la veuve d’Arnaud Beltrame.

À Villedubert, le village de Jean Mazières, le maire Marc Rofes se souvient des moments « difficiles à gérer » suite au « choc émotionnel » ressenti par les habitants de la commune. Tout comme son homologue et ami trébéen Éric Menassi, il continue « à accompagner au quotidien la famille » de Jean Mazières : « Le temps fait son œuvre, doucement ».

Le temps fait son œuvre doucement

Ce qui l’a particulièrement marqué au cours des mois qui viennent de s’écouler, c’est « le soutien des gens » et cet « élan de compassion émouvant » dont il a été le témoin, des 2 000 personnes présentes pour la sépulture de « l’enfant du village » aux témoignages de sympathie venus partout, y compris de l’étranger. Deux familles de victimes de l’attentat du Bataclan l’ont ainsi contacté afin d’échanger avec la famille de Jean Mazières.

Trois mois après, Éric Menassi jette un regard bienveillant sur la population trébéenne : « Une colère légitime qui aurait pu se manifester sous différentes formes a été contenue. La pudeur et la dignité ont pris le pas ». Désormais, la ville de Trèbes va s’attacher à développer son économie, son tourisme, et s’embellir : « On a la volonté terrible de continuer et de s’améliorer, et je pense que toutes les victimes auraient aimé ça ».

Une volonté d’aller de l’avant également partagée par Marc Rofes, qui tient à souligner « le soutien irréprochable de la préfecture », l’entente avec Éric Menassi et la Ville de Carcassonne pour faire face à l’indicible, la solidarité des élus et les mots justes de l’association d’aide aux victimes : « Nous sommes encore dans la reconstruction et l’accompagnement ».

Le lendemain des attentats, le comité local d’accompagnement des victimes (CLAV) était réuni et l’espace d’information et d’accompagnement des victimes (EIAV) ouvrait ses portes à Carcassonne. à l’heure actuelle, la liste officielle fait état de 59 victimes (décédées, blessées ou choquées). 151 victimes ont été vues au moins une fois par l’association France Victime et 367 entretiens avaient été organisés à la date du 18 mai dernier. Le fonds de garantie à ouvert 53 dossiers d’indemnisation.
Arnaud Beltrame,une vie…

Trois mois seulement après le terrible 23 mars, deux journalistes signent un livre sur le colonel Arnaud Beltrame. « Les terroristes glorifient le martyre. Arnaud Beltrame est celui qui a dit : moi non plus, je n’ai pas peur de la mort. Je n’ai pas peur de vous », explique Jacques Duplessy, spécialiste du terrorisme, qui co-signe avec son confrère de Paris-Match, Benoît Leprince, un livre qui se veut « une vraie enquête journalistique, qui n’a pas été relue, ni par la gendarmerie, ni par la famille ».

Sur les faits du 23 mars, pas de vrai scoop, mais un récit heure par heure du périple mortel du terroriste, de l’attaque du Super U et du moment où le gendarme s’est offert pour remplacer Julie, la caissière prise en otage. Sur la personnalité d’Arnaud Beltrame, en revanche, le livre abonde en détail, et grâce à de très nombreux témoignages, sur les engagements professionnels et spirituels du gendarme, notamment son entrée dans la franc-maçonnerie et la naissance de sa foi catholique. Sans oublier une analyse fine de la récupération (politique, religieuse) du geste de cet homme beaucoup plus complexe que les premiers portraits dressés de lui pouvaient le laisser penser.

Source : L’Indépendant
Auteur : La Rédaction
Date : 23/06/2018

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