Attentats du 13 novembre : la justice française réclame à la Belgique un logisticien présumé

Près de trois ans après les attentats du 13 novembre, la justice continue de chercher inlassablement les responsables des attaques qui avaient meurtri Paris et la France entière.

Le juge d’instruction Christophe Teissier, qui dirige en France cette enquête tentaculaire, a émis en mai dernier un mandat d’arrêt contre un nouveau suspect belge, Ali El Haddad Asufi, considéré comme l’un des logisticiens de la cellule djihadiste franco-belge. Paris réclame désormais à Bruxelles que l’homme soit remis à la France en vue de sa mise en examen.

Né le 23 septembre 1984, cet homme actuellement inculpé et incarcéré en Belgique était « de façon récurrente » en contact avec les membres de la cellule franco-belge responsable des attentats de Paris (130 morts), et de Bruxelles, perpétrés le 22 mars 2016 (32 morts), selon le mandat d’arrêt. Les investigations montrent notamment qu’il a fréquenté des planques utilisées par les djihadistes pour préparer les attaques.

Conversations codées

Le suspect a plus particulièrement été en contact, à plusieurs reprises, avec Ibrahim El Bakraoui, qui s’est fait exploser à l’aéroport de Zaventem, près de Bruxelles. Selon les enquêteurs, les deux hommes se sont rendus ensemble en juillet 2015 en Grèce, où sont passés plusieurs des membres de la cellule, de retour de Syrie – dont le coordinateur présumé des attentats parisiens, Abdelhamid Abaaoud –, puis aux Pays-Bas le 7 novembre 2015.

Par ailleurs, alors qu’il « évoquait en termes codés » sur la messagerie sécurisée WhatsApp « l’achat de plusieurs Clios », Ali El Haddad Asufi s’est rendu à Rotterdam en octobre 2015 et y a été « en contact avec des individus soupçonnés de trafic d’armes », écrit le magistrat français dans son mandat d’arrêt. D’après l’enquête, une inscription faisant allusion à des références de pistolets semi-automatiques a été retrouvée dans son véhicule.

Ali El Haddad Asufi a été arrêté par la police belge dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Bruxelles. L’homme avait en effet été locataire de l’appartement d’Etterbeek qu’a occupé une partie du commando terroriste du 22 mars.

Au total, plus d’une quinzaine de suspects sont désormais visés par la justice en France dans le dossier des attentats les plus meurtriers sur le territoire ces dernières décennies, perpétrés par trois commandos venus de Belgique.

Le point sur les arrestations

En détention provisoire en France
Salah Abdeslam : seul rescapé du commando parisien.
Farid Kharkhach : intermédiaire avec le réseau de faussaires qui a fourni les faux-papiers.
Hamza Attou, Mohamed Amri et Ali Oulkadi : chauffeurs de la cavale de Salah Abdeslam.
Adel Haddadi et Usman Muhammad : un Algérien et un Pakistanais qui devaient commettre une quatrième attaque à Paris le 13 novembre 2015 et ont été arrêtés en Autriche.

En détention provisoire en Belgique
Yassine Atar : petit frère du « cerveau » présumé des attentats, il avait la clé d’une planque.
Osama Krayem et Sofien Ayari : soupçonnés d’avoir été « candidats au martyre » pour une attaque le 13 novembre 2015 à l’aéroport de Schiphol aux Pays-Bas, finalement avortée.
Mohamed Bakkali : le logisticien-chauffeur-loueur, proche des frères El-Bakraoui
Mohamed Abrini : impliqué dans les repérages en France et dans l’attentat de Bruxelles, c’est « l’homme au chapeau » (il est aussi mis en examen dans la procédure française).

Sous mandat d’arrêt international
Ahmed Dahmani : soupçonné d’avoir participé à l’achat des explosifs, il a fui vers la Turquie au lendemain du 13 novembre. Condamné et détenu en Turquie. Il doit être extradé vers la France.
Oussama Atar : « cerveau » présumé des attaques, possiblement toujours dans la zone irako-syrienne.
Ahmed Alkhald : soupçonné d’être l’artificier en chef de la cellule, il a fui vers la Turquie avant les attentats.

Les kamikazes morts
Abdelhamid Abaaoud, Samy Amimour, Brahim Abdeslam, Chakib Akrouh, Bilal Hadfi, Foued Mohamed-Aggad, Ismaël Omar Mostefaï, Ammar Al-Sabaawi et un autre Irakien non identifié à ce jour. Najim Laachraoui et les frères El-Bakraoui se feront exploser à Bruxelles le 22 mars 2016.

Source : Le Monde
Auteur : La Rédaction
Date : 05/09/2018

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