Soigner les victimes d’attentat : les étudiants en médecine vont être mieux formés

Comment traiter des blessures à l’arme de guerre et soigner des victimes en très grand nombre ? Dès la rentrée prochaine, les techniques de soins aux victimes d’attentat, dont certaines issues de la médecine militaire, vont être enseignées à tous les étudiants en médecine en France }.

Après les sanglantes attaques jihadistes qui ont fait 239 morts en huit attaques depuis 2015, "ce risque peut toucher toute la France (...), y compris des endroits qui ne semblent pas aussi exposés que Paris et les grandes villes" et n’ont pas la même offre de soins d’urgence, explique à l’AFP le professeur Pierre Carli, chef du Service d’aide médicale urgente (Samu) de Paris.

C’est pourquoi il faut "former les médecins de demain" à cette éventualité.
Pierre Carli a cosigné un "retour d’expérience" sur les attentats avec sept autres professeurs dont les services avaient eu à intervenir, notamment les hôpitaux de Paris, Nice (sud-est), les sapeurs-pompiers et le service de santé des armées.
Publié mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet, ce document préconise d’enseigner aux généralistes et à tous les étudiants en médecine les techniques de soins aux victimes d’attentats.

"Dans les rues de Paris (lors des attentats), il y avait des généralistes qui ne savaient pas forcément quoi faire", rappelle le professeur Carli.
Tout soignant, qu’il soit médecin, pharmacien ou dentiste, doit posséder une formation de base appelée "attestation de formation aux gestes et soins d’urgences".
Jusqu’à présent, elle n’était délivrée que par des Centres d’enseignement dépendant des services d’urgence de chaque département.

Elle pourra désormais l’être par les facultés de médecine et le service de santé des armées, explique à l’AFP le professeur Bruno Riou, chef des urgences de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et professeur de médecine à l’université.
"Les facultés ont intégré dans cette attestation les éléments clés de la formation d’aide aux victimes du terrorisme comme la pose de garrot, les pansements compressifs et les principes actualisés de secours aux victimes en milieu hostile", détaille-t-il.
Il précise que cela "devrait être opérationnel dans toutes les facultés à la rentrée universitaire 2017-18 et a déjà été intégré par certaines".

Le "damage control"

Depuis les attentats de Paris le 13 novembre 2015, qui avaient fait 130 morts et plus de 350 blessés à l’arme de guerre et à l’explosif, les urgentistes ont commencé à être formés aux techniques de médecine militaire pour traiter des blessures à l’arme de guerre.
Au premier rang de ces techniques, le "damage control" : assurer sur place le minimum de soins nécessaires à la survie du patient avant sa prise en charge en milieu hospitalier.
Ces procédures feront désormais l’objet d’un enseignement approfondi dans certaines spécialités : médecine d’urgence, anesthésie-réanimation, médecine intensive et réanimation, chirurgie.

"Dans ces spécialités, l’adaptation des enseignements est déjà en cours un peu partout", note le professeur Riou, lui aussi cosignataire du document publié mercredi.
Autre nouveauté : l’introduction d’un "enseignement sur les urgences collectives, y compris l’afflux de blessés en grand nombre", dans la formation commune à tous les internes, quelle que soit leur spécialité.
Cet enseignement sous forme numérique prendra place après six ou sept ans d’études.

Parallèlement, les autorités ont encouragé les Français à se former aux premiers secours, avec plus de 75.000 personnes, dont une majorité de femmes, ayant participé à des sessions de sensibilisation en 2016.

Date : 27/07/2017
Auteur : AFP
Source : Le Point

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