CONCORDIA - COSTA doit réunir les victimes

Courrier adressé le 26 janvier à M. AZOUZE, PDG de COSTA France

"Je souhaite tout d’abord vous remercier de nous avoir reçus, Mme DECRE et moi même, et je ne peux que vous renouveler notre volonté d’échanges constructifs.

Au regard de notre conversation hier soir, nous ne pouvons cependant que regretter amèrement d’avoir appris par la presse ce matin, et donc contrairement à ce qui avait été convenu, la proposition d’indemnisation faite par COSTA.

Pour sa part, hier, notre Fédération vous a rappelé que cette indemnisation forfaitaire dans son principe même heurte les principes de la réparation intégrale et de l’individualisation des préjudices subis, principes reconnus par les tribunaux.

En faisant cette annonce, alors même que 16 personnes sont encore portées disparues, COSTA souhaite clairement solder le dossier pour la quasi totalité des naufragés, alors qu’il aurait suffi à ce stade de verser rapidement une provision, ou avance sur indemnisation, pour faire face aux urgences financières.

Comme évoqué hier, il s’agit pour nous d’une erreur manifeste d’appréciation de ramener cet accident à un simple litige commercial dont la solution résulterait dans un accord avec des associations italiennes de consommateurs, d’ailleurs parfaitement inconnues des victimes françaises.

Au delà des déclarations de bonne volonté, il s’agit aujourd’hui pour COSTA vis à vis de ses clients français de garantir une procédure d’indemnisation équitable et transparente, qui prenne en compte la réalité des difficultés et souffrances.

Premièrement, la FENVAC demande instamment à COSTA d’organiser, en prenant tous les frais à sa charge, une réunion d’information à laquelle sera convié chaque rescapé afin que d’une part, en toute transparence, les modalités de la proposition d’indemnisation soient exposées, sous tous leurs aspects et dans toutes leurs conséquences, et que d’autre part une réponse puisse être apportée à toute question posée par les victimes.

Surtout cette réunion offrira à COSTA l’opportunité de s’adresser directement, les yeux dans les yeux, aux naufragés, car une nouvelle fois le légitime besoin de reconnaissance exprimé par les victimes ne peut se résumer à un traitement administratif, à un simple chèque « pour solde de toute compte ».

Notre Fédération et l’INAVEM, que j’ai consulté, sont à votre disposition pour l’organisation de cette réunion, fortes de leurs expériences des rencontres d’information habituellement organisées suite à des accidents collectifs.

Deuxièmement, la FENVAC renouvelle sa demande expresse que dans les courriers adressés aux victimes figure ce paragraphe :
« Afin que votre choix soit fait en connaissance de cause, nous vous rappelons la possibilité de consulter préalablement un avocat et/ou de contacter l’association d’aide aux victimes du réseau INAVEM de votre domicile (numéro national 08 842 846 37 ou 08victimes@inavem.org) ou la FENVAC (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs, federation@fenvac.org ou 09 65 33 15 57).
L’INAVEM et la FENVAC sont deux partenaires associatifs désignés par le Ministère de la Justice pour intervenir dans la prise en charge d’accidents collectifs tels que le naufrage du Concordia".

Ce n’est que sous ces deux conditions qu’il sera alors possible, indépendamment de toute discussion sur le montant proposé, de dire que les naufragés français du Concordia ont pu faire un choix réfléchi, en étant pleinement informés.

Il va de soi par ailleurs que la moindre des marques de considération à l’égard du Collectif des victimes, ainsi que de la Fenvac et de l’INAVEM, sera de leur faire tenir une copie du projet de lettre que vous entendez adresser aux victimes, et ce en étant attentif à leurs observations éventuelles.

Toute attitude de passage en force tendant à priver les victimes d’une information éclairée de la part des associations et de leurs conseils ne pourrait que nuire à un accord amiable auquel ils ne sont absolument pas hostiles, et qui bien au contraire est une pratique habituelle et privilégiée suite à un accident collectif.

Pour la parfaite information de chacun, j’adresse copie de ce présent courrier

-  aux partenaires institutionnels et associatifs réunis par le Ministère de la Justice le 24 janvier,
-  au Collectif des naufragés français du Concordia,
-  aux victimes françaises du naufrage du Concordia.

Je vous prie de croire, Monsieur le `Président, en ma parfaite considération."

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