Procès de l’attentat déjoué avant la présidentielle de 2017 : quatre questions sur les principaux accusés interpellés à Marseille

Douze hommes sont jugés devant la cour d’assises spéciale de Paris à partir de ce lundi, dont les deux principaux accusés interpellés à Marseille, pour un projet d’attentat pendant la campagne présidentielle de 2017.

Les deux principaux accusés comparaîtront ce lundi 30 octobre, avec dix autres personnes, devant la cour d’assises spéciale de Paris pour un attentat déjoué en 2017. Les deux jeunes jihadistes avaient été interpellés dans leur planque près de la gare Saint-Charles, à Marseille. Le procès va durer un mois. France 3 Provence vous rappelle sur les principaux faits de cette affaire en quatre questions.

Qui sont les deux principaux accusés ?
Clément Baur, 29 ans, et Mahiedine Merabet, 35 ans, seront jugés pendant quatre semaines devant la cour d’assises spéciale de Paris, composée de magistrats professionnels, pour "association de malfaiteurs terroriste". Ils se sont connus en détention à la maison d’arrêt de Lille, où ils partageaient la même cellule pendant quelques semaines en 2015.

Personnalité "atypique", Clément Baur, né dans le Val-d’Oise au sein d’une famille catholique, s’est converti à l’islam à 14 ans au contact d’islamistes tchétchènes de Nice où il vit avec sa mère. Il a appris le russe de manière autodidacte, puis l’arabe. A 17 ans, il part en Belgique où il demande l’asile sous une première fausse identité. Il déposera d’autres demandes d’asile en France et en Allemagne, en se faisant passer pour un réfugié tchétchène. C’est pour avoir présenté de faux papiers lors d’un contrôle à bord d’un train en provenance de Bruxelles qu’il est incarcéré à Lille-Séquedin en 2015.

Mahiedine Merabet a connu un parcours chaotique, maltraité par sa mère, confié à ses grands-parents puis placé en foyers. Délinquant multirécidiviste, il a été plusieurs fois incarcéré.

De quoi sont-ils accusés ?
Les deux djihadistes soupçonnés de projeter un attentat terroriste ont été interpellés lors d’un coup de filet des enquêteurs de la sécurité intérieure, la DGSI, à Marseille, le 18 avril 2017, à cinq jours du premier tour de la présidentielle. Ils ont été mis en examen et écroués le 23 avril.

Dans leur planque, un petit appartement d’étudiant, situé rue de Crimée dans le 3ᵉ arrondissement, près de la gare Saint-Charles, les policiers ont découvert un arsenal de guerre : un pistolet-mitrailleur Uzi, deux armes de poing, des boîtes de munitions, 3,5 kilos de TATP, un explosif artisanal prisé des djihadistes d’EI, une grenade artisanale, un sac de boulons et de la propagande djihadiste.

Le duo s’est fait coincer en envoyant une vidéo d’allégeance au groupe Etat islamique sur la messagerie sécurisée Télégram pour qu’il revendique leur action. Le destinataire était en fait un cyberenquêteur infiltré par la DGSI, alertée d’un projet d’attentat imminent.

Clément Baur encourt trente ans de réclusion criminelle, la peine maximale prévue pour le crime d’association de malfaiteurs terroriste. Mahiedine Merabet encourt lui la perpétuité, étant en état de récidive légale.

Dans le box seront également jugés dix complices présumés, dont neuf comparaissent libres, du chef d’association de malfaiteurs terroriste. Parmi eux, des Serbes du Kosovo et un réfugié tchétchène, soupçonnés de leur avoir apporté un soutien logistique pour se fournir des armes.

Quelle était la cible de ce projet d’attentat ?
Après cinq ans d’enquête, la cible des djihadistes n’a pas été établie avec certitude. Dans leur vidéo postée sur Télégram, ils avaient filmé l’inscription "Loi du Talion" composée avec un assemblage de munitions de calibre 9 mm, des représentations d’un drapeau de l’EI, un Coran, un pistolet-mitrailleur Uzi et la Une du Monde du 16 mars 2017 consacrée à la campagne électorale, avec la photo de François Fillon, candidat du parti Les Républicains.

L’exploitation de supports numériques a montré des recherches pouvant orienter vers de potentielles cibles à Marseille : des clubs libertins, "des bars, un restaurant casher, un meeting de Marine Le Pen à Marseille.

Pourquoi ce procès a été renvoyé une première fois en début d’année ?
Le procès devait s’ouvrir le 5 janvier 2023 à Paris. Mais après plus de deux semaines de débat, il a dû être renvoyé à une date ultérieure faute de pouvoir remplacer une magistrate de la cour d’assises spéciale de Paris, hospitalisée et indisponible pour plusieurs semaines.

Cette cour compétente en matière de terrorisme ne peut en effet pas délibérer si elle n’est pas formée de cinq magistrats professionnels ayant suivi l’intégralité des débats. Mais faute de magistrats disponibles, aucun assesseur supplémentaire n’avait été désigné pour ce procès prévu pour durer quatre semaines.

"Je ne suis pas maître des moyens humains alloués à cette juridiction. Il est inadmissible que nous soyons tous mis devant le fait accompli", avait réagi à l’audience la présidente de la cour d’assise spéciale.

Cet article est rédigé par Annie Vergnenegre pour France3.

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