Le 11 mars 2022, la nation toute entière a honoré la mémoire des victimes du terrorisme. Pour la troisième année, une cérémonie a été organisée par l’Élysée, avec l’appui des associations de victimes dont la FENVAC. Cet évènement s’est inscrit dans un contexte géopolitique particulier : l’invasion russe en Ukraine et la Présidence française de l’Union Européenne. Elle a d’ailleurs eu lieu à l’issue du sommet de Versailles réunissant les chefs d’États européens.
Ce temps de communion autour du souvenir de ces « destins uniques » et de « ces vies éteintes trop tôt » s’est déroulé devant le Trianon au Château de Versailles et a réuni une centaine de victimes, les représentants associatifs, les représentants des services de l’État ainsi que des Chefs d’États européens accompagnés des représentants des institutions européennes.
La cérémonie s’est ouverte avec le ‘Chant des Oiseaux’ de Pablo Casals interprété par l’orchestre Divertimento. Cet interlude musical a été suivi de la lecture de ‘Quand les hommes vivront d’amour’ de Raymond Lévesque, par les enfants lauréats du concours de lecture à voix haute.
La Présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Layen, a été la première à s’avancer vers le podium pour son discours. A défaut de prononcer le nom de chaque victime, cette dernière est revenue sur l’histoire de trois victimes du terrorisme : Sonia Cano Campos décédée dans l’attentat du 11 mars 2004 à Madrid ; Misha Bazelevskyy qui a perdu la vie dans l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice ; Nesar Hashemi qui a péri dans l’attentat du 19 février 2020 à Hanau. Le récit de leur vie s’est apparenté à celui des milliers de victimes frappées par le terrorisme. La Présidente a insisté sur le devoir de souvenir mais également sur la nécessité d’honorer leur mémoire par « des actions quotidiennes ». Ainsi, elle a souligné deux valeurs fortes autour desquelles la communauté doit construire sa réponse face au terrorisme : celles de la solidarité et de l’union. Des principes directeurs à appliquer dans l’aide apportée aux victimes et dans la lutte contre le terrorisme « en renforçant la coopération entre les États Membres. ». Pour la Présidente de la Commission européenne, c’est « en unissant nos forces, [que] nous pouvons préserver notre union en tant qu’espace de liberté et de sécurité. »
A la fin de son discours, l’orchestre Divertimento a débuté son interprétation ‘Claire de Lune’ de Claude Debussy. Puis, le Président du Conseil Européen, Charles Michel, s’est installé derrière le pupitre pour prononcer un discours centré sur la résistance de nos sociétés face au terrorisme. « Madrid, Londres, Oslo, Toulouse, Montauban, Paris, Bruxelles, Nice, Strasbourg, Saint-Étienne-du-Rouvray, New York, Orlando, Kaboul, Bali », ce fut par cette longue liste que Charles Michel a débuté sa prise de parole. Ces villes à travers le monde soumises au « claquement du terrorisme ». Il a parlé ensuite de la douleur des survivants et des proches de victimes marqués « de souffrances inguérissables » tout en soulignant le « fil incassable de confiance en nos idéaux et valeurs universels ». Pour lui, confronter le terrorisme impliquait de « faire en sorte qu’absolument aucune victime ne soit oubliée », afin de laisser à nos « enfants des sociétés de respect et de dignité ».
L’orchestre a alors entonné l’œuvre de Lili Boulanger intitulé ‘D’un matin de printemps’ avant que le Président de la République, Emmanuel Macron, n’ai pris la parole au podium. Il est revenu en premier lieu, sur l’attentat le plus meurtrier d’Europe du 11 mars 2004 en Espagne, qui a bouleversé le continent. Puis, il a souligné la résilience des acteurs de première ligne, du renseignement et de la justice face à l’horreur du terrorisme mais aussi ceux qui « [ont accompli] depuis des années une œuvre remarquable de soutien aux victimes. » Il a insisté sur les actions des associations ayant permis de « repens[er] notre système d’aide aux victimes du terrorisme. Leurs droits sont désormais équivalents à [celles] des victimes de guerre. » Il a conclu son discours sur la création du « grand musée d’histoire et de société, le Musée-Mémorial du terrorisme [...] qui fera résonner la voix des victimes » et dont le lieu choisi est le Mont Valérien à Suresnes.
A la fin de son discours, les voix du cœur de l’armée française se sont élevées pour entonner l’hymne national français puis l’hymne européen. Ainsi cette cérémonie s’est clôturée ...
La grandeur du lieu choisi pour la cérémonie a conféré une dimension solennelle à ce recueillement, qui a bénéficié d’un écho international grâce à la présence de représentants politiques européens. Toutefois, ce temps d’union en hommage aux victimes du terrorisme a manqué de l’essentiel : la voix des victimes du terrorisme. En effet, la splendeur du décor n’aura pas suffi à faire oublier leurs absences. La FENVAC, ainsi que d’autres associations de victimes présentes, n’ont pu que déplorer que celles et ceux concernés au premier plan par la réalité destructrice du terrorisme aient été reléguées au rôle de spectatrices.
En 2023, il sera impératif que les victimes de terrorisme puissent s’exprimer lors de cette occasion qui ne se produit qu’une fois par an. Nous le leur devons.