L’association des victimes du vol AF 447 Rio-Paris, dont des Deux-Sévriens, a tenu son assemblée générale hier, à Tours, toujours dans l’attente d’un procès.
Quand ? C’est la question que se posent les membres de l’association. Quand aura lieu le procès des responsables du crash qui leur a enlevé un ou plusieurs êtres chers en 2009 ? Car pour deux de leurs cinq avocats, c’est une certitude : il y a bien eu des fautes qui ont entraîné le crash.
Mais l’attente est longue, trop longue pour les familles. « La Cour de cassation a annulé la contre-expertise et ordonné que le juge d’instruction en demande une autre », confie Me Sébastien Busy, du barreau de Paris. « Cette deuxième contre-expertise devait être rendue fin septembre, mais le délai a été prorogé. On espère qu’elle sera déposée avant la fin de l’année. »
" Ils vont faire tout pour gagner du temps "
Ensuite, Air France et Airbus seront réentendus. Ce qui pourrait laisser espérer un procès en 2018. Mais un autre avocat des familles est moins optimiste : « On a en face de nous des adversaires qui ne sont pas n’importe qui », estime Me Jean-Pierre Bellecave, du barreau de Bordeaux. « Ils vont certainement faire toutes les demandes possibles pour gagner du temps : ils n’ont rien à perdre… 2019 me paraît plus probable. »
Mais pour les deux avocats, la même certitude : il y aura procès. « On a essayé de reporter la faute sur les pilotes », raconte Me Busy. « C’est facile, ils ne sont plus là pour se défendre. On a dit qu’ils avaient eu de mauvaises réactions. Mais c’est comme quand quelqu’un s’adresse à un autre qui fait un AVC : on ne se comprend pas. La machine leur a donné des indications qu’ils ne pouvaient comprendre. Et ils n’ont pas été formés pour faire face à ce genre d’événements, le givrage des sondes, alors que ce type d’incidents avait été signalé plusieurs fois auparavant par des pilotes. Il y a donc des manquements de la part d’Airbus, d’Air France et des organismes de contrôle du transport aérien. »
Trois gros morceaux comme adversaires, mais tous Français, ce qui facilite la procédure judiciaire. Mais qui vendront chèrement leur peau. Et pendant ce temps-là, les familles…
Auteur : François Bluteau
Date : 24/09/2017
Source : La Nouvelle République