Le procureur de la République de Paris, François Molins, a tenu une conférence de presse dans laquelle il a livré le déroulé exact des attentats de vendredi et donné des premières précisions quant au profil des terroristes.
Le procureur a annoncé que le bilan actuel est de 129 morts, 352 blessés dont au moins 99 en état d’urgence absolue, tout en précisant que c’est un premier état des lieux « provisoire et évolutif compte tenu du nombre de blessés ». Ce sont bien sept terroristes qui ont fait usage de « fusils d’assaut de type kalachnikov de calibre 7-62mm » et d’un « dispositif explosif identique visant à faire un maximum de victimes en se donnant mort ».
Le déroulé exact
21h20. Lors du match France-Allemagne au Stade de France, « une première explosion a retenti rue Jules-Rimet à Saint-Denis, porte D ». Deux corps ont été retrouvés. Le premier est celui du kamikaze portant un gilet explosif composé de « TATP, de piles, de boulons, et de boutons poussoirs ». La seconde victime est un passant qui a été soufflé par l’explosion.
21h25. Au bar le Carillon et devant le restaurant le Petit Cambodge à l’angle de la rue Alibert et de la rue Bichat, des assaillants ont fait irruption armés de « fusils d’assaut de type kalachnikov ». Ils étaient à bord d’un « véhicule noir pouvant être de marque Seat et de type Leon ». Sur place, a été découvert une « centaine douilles de calibre 7-62 ». Le bilan est de 15 décès et de 10 victimes en « urgence absolue ».
21h30. Près du Stade de France, toujours rue Jules-Rimet, porte H, un kamikaze porteur d’un dispositif « identique à celui du premier kamikaze » a fait exploser son gilet, causant sa propre mort.
21h32. A l’angle de la rue de la Fontaine au Roi et de la rue du Faubourg-du-Temple, au bar la Bonne bière, des assaillants à bord d’un véhicule « de couleur noire et de marque Seat » tuent 5 personnes et en blessent 8 autres. Elles sont toujours dans une « urgence absolue ». Là encore, une centaine de douilles de calibre 7-62mm est retrouvé.
21h36. Au 92, rue Charonne, au restaurant la belle équipe, des « individus à bord là encore d’une Seat de couleur noire » tirent plusieurs rafales causant la mort de 19 personnes. De nouveau, une centaine de douilles de calibre 7-62 est retrouvée.
21h40. Au bar le Comptoir Voltaire, au 23 boulevard Voltaire, un kamikaze actionne un « dispositif explosif identique » aux deux premiers kamikazes du Stade de France. Une personne est grièvement blessée, et d’autres « plus légèrement ».
21h40. Trois individus équipés d’armes de guerre, arrivent à la salle de concert le Bataclan à bord d’une Polo noire. « Ils entrent dans la salle et tirent en rafale en plein concert » avant de « prendre en otage les occupants dans la fosse ». Selon le procureur de la République, « ils ont évoqué la Syrie et l’Irak ». La BRI et le Raid donnent l’assaut à 00h20, au cours duquel trois terroristes se sont donné la mort en actionnant leur gilet d’explosifs, tandis qu’un autre a été tué par les forces de l’ordre bien qu’ayant aussi activé son gilet. Le bilan fait état de « 89 morts et de très nombreux blessés ». François Molins a tenu à préciser : « Je ne peux être plus précis sur le déroulé des crimes terroristes compte tenu nombre de victimes et de la configuration des lieux. »
21h53. Une troisième explosion a lieu, rue de la Cokerie, près du stade de France. Le corps d’un kamikaze est retrouvé.
Les premières identifications
Selon le procureur de la République, il est très vraisemblable que « trois équipes coordonnées [soient] à l’origine » des attaques. Selon les premiers éléments de l’enquête, « le terroriste auteur de la prise d’otage du Bataclan a été formellement identifié ». Il est né le 21 novembre 1985 à Courcouronnes dans l’Essone et est connu « pour des délis de droit commun » (8 condamnations entre 2004 et 2010). L’individu n’a « jamais été incarcéré », mais faisait l’objet d’une fiche S depuis 2010 pour radicalisation, « sans jamais être impliqué ». Un passeport d’un individu né en 1990 en Syrie a également été trouvé. Selon le procureur, « il n’est pas connu des services de renseignement français ».
Trois interpellations
L’un des deux véhicules, la Polo de couleur noire est immatriculée en Belgique et a été louée par un « individu de nationalité française résidant en Belgique qui a fait l’objet d’un contrôle à la frontière belge samedi matin ». A bord du véhicule se trouvaient également deux autres personnes « résidant dans la région de Bruxelles ».
Le parquet fédéral belge a ouvert une enquête spécifique, et les autorités judiciaires belges ont procédé à l’interpellation de trois individus. François Molins a toutefois précisé : « Je ne souhaite pas m’exprimer d’avantage pour préserver les opérations de perquisition qui sont en cours en Belgique ». Et qu’il s’agit d’individus « qui ne sont pas connus des services de renseignement français ».
Les attaques ont bien été revendiquées par le groupe Etat islamique via des « vidéos, communiqués écrits, et montages sonores ».